LETTRES DE GEORGES TACONET A CAMILLE FLEURY (1915 –1917)



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 Mardi 22 février 1916 

Mes chers frère et sœur,

J’ai à vous annoncer une bonne et une mauvaise nouvelle.

La bonne nouvelle est que – hier après midi – à 4 heures, Yvonne Ducrocq et moi nous sommes fiancés.

Vous vous imaginez facilement ma joie. Il me semble vivre en un rêve. Je ne sais si les fiançailles seront tenues secrètes ou annoncées officiellement. Yvonne tient beaucoup à la deuxième hypothèse. Cette question sera résolue aujourd’hui probablement. En attendant je vous serai bien reconnaissant de garder la nouvelle secrète.

La mauvaise nouvelle est la suivante : j’avais projeté d’aller vous voir demain, mais en dernier lieu je renonce à ce projet. En effet il m’es bien possible d’aller à Paris mais je ne suis pas sûr de pouvoir en revenir et passer la fin de ma permission au Havre. Je vous assure qu’il me coûte de ne pas vous revoir ; d’autre part je suis sûr que vous comprendrez facilement que je ne tienne pas à courir le risque de ne pas voir Yvonne pendant les trois derniers jours de ma permission.

Je vous sais indulgents et favorables à l’Amour.

J’espère que MarieThérèse va aussi bien que possible et je vous embrasse tous trois bien tendrement.

Georges Taconet

P.S. Yvonne m’a dit que MarieThérèse lui était très sympathique. Quand elle connaîtra Camille elle tiendra le même propos.

Cette lettre, adressée rue des Vignes, est postée de Ste Adressse,

où Georges Taconet était en permission