LETTRES DE GEORGES TACONET A CAMILLE FLEURY (1915 –1917)



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 Samedi 16 Décembre 1916 

Mes chers Camille et Marie Thérèse

J’ai regretté d’avoir été trop bousculé avant hier pour vous remercier comme je l’ »aurais voulu et j’ai des remords de n’avoir même pas payé le taxi. En vous quittant j’ai suivi la foule et me suis précipité vers mon train. Nous sommes d’ailleurs partis avec plus d’ une demi heure de retard, mais pouvions nous prévoir cela ?

Le voyage s’est admirablement passé, mais, en débarquant, j’ai été obligé de faire la plus grande partie du chemin à pied et sur la neige fondue. Mais cela n’a pas été bien terrible. J’ai trouvé en arrivant ici tout le monde très excité par les propositions de paix de l’Allemagne. Nous sommes encore au repos pour quatre jours, rien de changé dans la vie du régiment. Je vais me faire vacciner tout à l’heure (troisième et dernière piqûre). C’est pourquoi, ne sachant trop dans quel état je serai tantôt, je vous écris dès ce matin.

Mon moral n’est pas trop mauvais. Je me sens certainement plus courageux qu’au départ.

Merci encore de la vie si douce que vous m’avez faite à mes deux passages à Paris. J’ai été bien heureux de vous revoir. Je vous écrirai plus longuement dans quelques jours. Vous comprendrez qu’aujourd’hui je doive écrire assez longuement à Yvonne et aussi à Maman.

Je vous embrasse bien tendrement tous les trois. Dites à Betsy que j’ai bien regretté de la manquer.

Georges Taconet