LETTRES DE GEORGES TACONET A CAMILLE FLEURY (1915 –1917)



 19 Février 1915 

Mon cher Camille,

Je m’excuse de n’avoir pas répondu plus tôt à ton aimable lettre dont je te suis très reconnaissant.

Je commence par te féliciter de ton activité picturale si j’ose m’exprimer ainsi. Je regrette de ne pouvoir voir le produit de ton travail, mais j’ai pu admirer le petit profil de Maguite, j’ai d’ailleurs chargé ma famille de te féliciter de ma part.

Veux tu être assez aimable pour dire à Papa que j’ai bien reçu son colis (ce papier le lui prouvera d’ailleurs). Le tout arrivé en parfait état. Un seul morceau de sucre était cassé. Je vois que l’on me soigne car l’on m’a envoyé le thé que j’aime. Remercie bien Papa de ma part.

J’ai revu Monteux (?) tout à l’heure, son ami Mercier n’était pas là et je lui ai laissé mon tango. Il doit lui montrer ce soir. Malheureusement une difficulté surgit mon tango n’est pas orchestré et Monteux (?) m’a dit que Mercier ne le prendrait que s’il était orchestré.

Vais je avoir le courage de l’orchestrer ici ? toujours est-il que je vais d’abord attendre l’opinion de Mercier. J’ai passé ma matinée à lire les journaux des 14 et 15 que j’ai reçus ce matin. L’on trouve toujours à glaner des articles intéressants.

La musique doit faire une marche demain. Cette marche, quoique peu longue, durera toute la journée avec un long arrêt. Le cymbalier piqué (vaccin) ne se sent pas capable de frotter ses cymbales et je dois le remplacer. Je ne pense donc pas avoir le temps de vous écrire demain. Vous saurez pourquoi.

Mon pauvre Camille, je n’ai pas de chance. J’espérais être tranquille mais on vient me chercher pour une corvée d’ordinaire. Me voila forcé d’arrêter ma lettre.

Je tiens à vous dire que je vais très bien.

Je vous remercie de toutes vos lettres et regrette de ne pouvoir (bien qu’en surnombre) vous en écrire d’aussi longues.

Je vous embrasse tous tendrement.

Georges Taconet

P.S. Dis à Papa que (Untel) me charge de lui présenter ses amitiés.



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