Poèmes mis en musique par Georges Taconet

Juillet

Chaque flot de la mer au large,

Chaque nuage des grands cieux

Sont les messagers que je charge

De t'offrir les pleurs de mes yeux.

Tes caresses sont donc légères

Comme les ailes des oiseaux ?

Elles sont donc plus passagères

Que les brises dans les roseaux ?

Ne me dis pas, belle enfermée,

De passer vite mon chemin ;

Pour l'ôter de ta porte aimée,

Il te faudrait couper ma main.

Pour empêcher que je ne chante

Le los de ton amour vainqueur,

Il te faudrait soudain, méchante,

Dire que je n'ai pas de cœur !

«Toujours ? jamais ?» double mensonge,

Ne parle pas de ces mots vains,

Parle du baiser qui prolonge

Les éclairs des moments divins.

Donne-moi tes lèvres si douces,

Qui sentent bon comme un printemps,

Et sont fraîches comme des mousses

Des sources claires que j'entends.

Enfin si ta raison résiste

Et veut dédaigner toute cour,

Offre-moi le grand baiser triste

Qui veut le plaisir sans l'amour ;

Et je voilerai dans la soie

De l'extase ton front pâli.

Si Dieu nous refuse la joie,

Nous saurons nous donner l'oubli,

L'oubli délicieux de vivre

Qui ressemble au profond sommeil

De l'Ēté, lorsque la terre, ivre,

Reçoit dans ses bras le soleil.

Georges Audigier



catalogue n°13