Octobre

Je suis las, mon amour, comme une lassitude
Qu'éprouve l'arbre humide au feuillage mourant,
Et comme une torpeur qui sèche le torrent
Quand l'orage a passé troublant la solitude.

Je suis même lassé de mon inquiétude
Et, feuille que le vent fait trembler en courant,
Ma dolente pensée hésite, soupirant
Après la chute, et souhaite la servitude.

Au fond du soir d'Octobre où le morne brouillard
S'étend comme la mort sur les yeux du vieillard,
Mon rêve m'apparaît comme vêtu d'un voile :

Il ressemble à la nuit plus qu'au jour : est-il noir ?
Le premier des rayons et la première étoile
S'y laissent deviner plutôt qu'apercevoir.

Georges Audigier

catalogue n°16