Vers le Printemps

Hiver, Hiver, comment briser tes dures portes
Et revoir le printemps avant qu'il soit venu ?
Mon être, ainsi que l'arbre est languissant et nu,
Et je ne trouve en moi que des visions mortes.

Cependant, ô mon coeur désolé, tu t'exhortes
A ranimer l'espoir d'autrefois, ingénu.
Partir, aller encore, ah ! vers quel inconnu ?
Mené par la Jeunesse aux espérances fortes.

Elle dort seulement, ma Jeunesse , et demain,
Elle se lèvera, son grand lys à la main,
Tandis que les jardins se rempliront de roses.

Viens ! c'est toi que j'attends, Mai, fier et doux vainqueur,
Viens faire refleurir les idéales choses
Dans la stérilité plaintive de mon coeur.

Louis Le Cardonnel

Extrait de "De l'une à l'autre aurore", édité par le Mercure de France en 1925, p.17.